Pour certains enfants, aller à l’école c’est un parcours digne des aventures d’Indiana Jones ! Le film de documentaire de Pascal Plisson nous emmène aux quatre coins du monde à la rencontre d’enfants partant à l’école. A voir.
Demain, c’est jour d’école. Comme d’autres préparent leur cartable ou sortent du placard les vêtements repassés par maman, Jackson, 11 ans, creuse un trou d’eau dans le sable pour laver son uniforme.
Demain, comme tous les matins d’école, il fera à pied les 15 kilomètres le menant à l’école en deux heures, suivant, avec sa petite sœur, des routes dangereuses fréquentées par des bandits, et traversant avec mille précautions le territoire des éléphants…
Jackson habite au Kenya. Comme Zahira, qui vit dans l’Atlas marocain, Samuel en Inde et Carlito en Patagonie, le chemin de l’école est pour lui une odyssée quotidienne. En hiver, il peut faire 20 degrés en dessous de zéro dans la vallée d’Imlil que parcourt Zahira. En Patagonie, la petite sœur de Carlito, qui a 6 ans, élève un poulain afin de pouvoir dans quelques mois faire toute seule les 18 kilomètres qui la séparent de son établissement scolaire .
Handicapé, Samuel se déplace dans un fauteuil bricolé avec une chaise de camping et des roues de vélo, poussé par ses deux frères. Et pourtant, tous continuent de s’élancer chaque matin avec l’enthousiasme au cœur, et l’espoir d’un avenir plus doux que le présent.
Pascal Plisson a suivi ces enfants aux quatre coins du monde. Il a su préserver sur le parcours la plus grande part de spontanéité, et s’insérer sans heurts dans cette routine qui nous semble extraordinaire à plusieurs titres : pour les risques encourus, d’abord, pour la détermination stupéfiante de ces petits, pour la beauté saisissante des paysages qu’ils parcourent.
DES HÉROS QUI S’IGNORENT
Car « Sur le chemin de l’école », au-delà du choc de cette réalité virtuellement confrontée à la nôtre, est un régal pour les yeux, filmé avec une richesse de cadres et de couleurs qui laisse rêveur. Non qu’il y ait là-dedans, pas plus que dans certains élans musicaux lyriques, une tentation esthétisante nuisible à la vérité de l’ensemble. Au contraire, c’est une affirmation de la nature profonde de ce parcours : une aventure, comme dans les livres et comme au cinéma, à cette différence près que les dangers sont ici très réels, comme l’admiration que l’on est poussé à concevoir pour ces héros qui s’ignorent.
De notre côté du monde, il est plus fréquent d’avoir affaire à des enfants pour qui l’école est une obligation dépourvue de sens, et la nécessité de se lever à 7 h 30 pour monter dans un bus une torture. C’est avant tout ceux-là qu’il faudrait, qu’il faut emmener voir Sur le chemin de l’école : non pas tant pour leur faire prendre conscience qu’ils font partie des privilégiés (l’argument est presque toujours vain, surtout lorsqu’il s’agit de les contraindre à finir leur dîner), mais en espérant qu’ils en ressortent épris, même à peine, de l’esprit héroïque qui anime ces Indiana Jones en herbe, et tentés de voir à leur tour la course au savoir comme l’aventure qu’elle peut être.
Pour en savoir plus :
pour voir la bande annonce : www.kpsule.me/surlechemindelecole
Source :
www.lemonde.fr/culture