Deux films coup de cœur cette semaine dans les sorties du 5 février : « La voleuse de livres », une adaptation réussie du livre éponyme et « Un beau dimanche » ou la naissance d’un amour d’après Nicole Garcia
La Voleuse de livres
Un film de Brian Percival sorti le 5 février
Adapté du roman australien pour la jeunesse, « La Voleuse de livres » est un film américain en Allemagne avec Geoffrey Rush, Emily Watson et une extraordinaire jeune comédienne québécoise, Sophie Nélisse, héroïne de cette aventure exaltante et émouvante se déroulant pendant la seconde guerre mondiale.
L’histoire, mélodramatique, est celle d’une jeune réfugiée au sein d’une famille allemande entre 1938 et la fin du troisième Reich, depuis les persécutions contre les juifs jusqu’aux hostilités, les bombardements et la défaite d’Hitler. Dans cette maison est caché un jeune Juif et le quotidien de la gamine sera bouleversé par cette cohabitation. Un autre ado, amoureux d’elle, jouera un rôle dans cette initiation à la vie en période de crise.
La lecture deviendra un moyen de survivre et de faire face à la folie et barbarie de l’époque, d’autant que nombre de livres ont été brulés en place publique par les nazis. Ce qui n’empêchera pas la petite fille (au début elle ne sait pas lire et apprend dans la cave avec son père d’adoption) de se passionner pour la littérature, de voler des ouvrages, à l’extérieur si besoin et, insensiblement, de se muer en écrivaine. Là encore, pour vaincre la peur et l’injustice.
C’est donc un hymne à la culture et à la solidarité qui est lancé dans ce film humaniste et généreux avec une reconstitution soignée réalisée dans les studios allemands de Babelsberg et une mise en scène solide et convaincante. A noter que le film dure plus de deux heures mais le spectateur est convié à une véritable saga, une vraie épopée.
De gros moyen ont été mis en œuvre mais c’est finalement dans les séquences intimistes que le public est ému, bouleversé, révolté.
L’auteur du roman comme le réalisateur mettent l’accent sur les ressources incroyables de générosité et de courage que peuvent recéler certains êtres humains (y compris les plus humbles) dans des périodes les plus noires du monde. Sans cacher que, dans le même temps, l’homme est aussi capable du pire.
Un beau dimanche
Un film de Nicole Garcia, sorti le 5 février
Baptiste et Sandra, différents socialement mais au même vécu douloureux et compliqué, se rencontrent. L’un est un fils de famille qui a choisi la marginalité, l’autre en perpétuelle galère, acculée de dettes. Avec l’aide d’un petit garçon (le fils de la femme), le couple pansera ses blessures et s’unira pour l’avenir et le meilleur après avoir connu le pire au passé.
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Tout en poursuivant sa carrière d’actrice, Nicole Garcia signe sa septième réalisation et témoigne d’une grande maîtrise de la mise en scène et de la direction d’acteurs. L’amour entre Baptises l’instituteur et Sandra la jeune femme divorcée, serveuse dans un restaurant de plage, qui a du mal à s’occuper de son enfant, naîtra lors d’un dimanche décisif, chacun revenant à ses origines, à ses fêlures, à ses secrets. Le bonheur et la liberté, contre toute attente, seront au rendez-vous de ces cœurs brisés sous le soleil de midi, face à une mer Méditerranée que Nicole Garcia film avec une sensualité solaire.
Ce film, tendre et brutal à la fois, bénéficie d’un casting exemplaire avec Pierre Rochefort, fils de Nicole Garcia et de Jean Rochefort, et surtout Louise Bourgoin, visage et jeu à nu, sans maquillage, réussit un magnifique portrait de femme moderne, filmée sans concessions par Nicole Garcia qui a donné à l’ex miss météo de Canal Plus un de ses grands rôles dramatiques où elle exprime l’amour qui vient avec autant d’intensité que de finesse.
Les seconds rôles sont eux aussi d’une grande justesse, Deborah François et Eric Ruff incarnant la sœur et le frère du héros. La mère, c’est Dominique Sanda à laquelle Nicole Garcia fait un beau cadeau, celui de la mère de Baptiste, pour son retour à l’écran. Celle qui est entrée dans l’histoire du cinéma en « Femme douce » de Robert Bresson et qui fut l’interprète de Vittorio de Sica, Bernado Bertolucci, Marguerite Duras, Benoît Jacquot, fait toujours preuve d’un mystérieux et envoûtant talent, à la fois frémissante et secrète, au charisme et au charme intact.
Source :
Les affiches du Moniteur