Jules est un cochon, un cochon tout maigrichon.
A la ferme, Nestor, le plus gros et le plus gras des cochons, se moque tout le temps de lui. Dès qu’il le voit, il ne peut pas s’empêcher de lui crier :
« Jules le maigrichon qui n’est qu’une moitié de cochon ! »
Jules est triste que Nestor se moque de lui.
Nestor est le plus gras des cochons parce qu’il ne pense qu’à manger.
Dès qu’il a ouvert un œil, il se presse pour voir dans son auge. Et ensuite, toute la journée, il reste le groin au ras du sol à la recherche du moindre petit ver ou même d’un vieux gland desséché à se mettre sous la dent.
Jules, lui, profite de chaque moment de la journée pour rester le groin en l’air. L’activité préférée de Jules, c’est observer. Il regarde le paysage, les oiseaux perchés dans les arbres ou qui volent dans le ciel, les nuages, les feuilles dans le vent et bien d’autres choses encore.
Un jour, alors que Jules contemple le soleil en train de se coucher à l’horizon, un hurlement se fait entendre. C’est le loup. Il est affamé. Tapi dans les herbes, il examine tour à tour les animaux de la ferme à la recherche de son dîner.
« Une poule », se dit-il. « Oui, pourquoi pas ! Mais ce n’est pas assez pour un loup affamé comme moi. Passons à quelque chose de plus consistant. Je vois là un bon gros mouton. Ah, mais avec toute cette laine, je risque de m’étouffer. Ah, ah ! Quelle belle vache ! Voilà un morceau de choix. Mais, peut être ai-je les yeux plus gros que le ventre ? Oh ! Mais voilà, j’ai trouvé ! Ce cochon bien gros et bien gras sera parfait. C’est décidé, ce beau cochon tout rose sera mon dîner. »
Le loup se met à ramper. Il s’approche, s’approche encore. Il est maintenant tout près de Nestor.
Mais heureusement, Jules qui observe tout, voit les oiseaux s’envoler soudainement. Il comprend immédiatement qu’un danger est tout proche. Jules se retourne et il voit le loup. Celui-ci se prépare à courir droit sur Nestor. Jules se précipite et il arrive juste à temps à s’interposer entre le loup et Nestor.
« Mais enfin ! Pousses-toi de là, cochon maigrichon ! », s’écrie le loup. « Tu n’as que la peau sur les os. C’est le grassouillet cochon qui est derrière toi qui m’intéresse. »
Nestor reste là, tremblant. Il n’a même pas la force d’aller se cacher dans la grange.
Jules, quant à lui, ne se laisse pas impressionner par le loup et il lui répond :
« Loup, si je peux me permettre, je crois que tu fais une erreur. »
« Ah bon ? », répond le loup surpris.
« Oui, ce cochon qui te semble si appétissant, passe ses journées à manger tout et surtout n’importe quoi. Le moindre détritus, la plus petite épluchure de légumes, il avale tout. Il doit avoir un goût de vieille poubelle. »
Le loup commence à douter. Voyant cela Jules ajoute :
« J’ai une bien meilleure idée. Le fermier a laissé sur le rebord de la fenêtre un gros saucisson et un beau morceau de fromage. Pour le moment, il est au champ. Tu n’auras aucune difficulté à les chaparder. »
Le loup réfléchit un instant et se dit que ce cochon maigrichon est de bon conseil.
Il s’en va donc jusque sous la fenêtre pour voler le saucisson et le fromage.
Jules profite de ce moment pour avertir tous les animaux :
« Écoutez-vous tous. Le fermier n’est pas au champ mais dans la cuisine. A mon signal, les vaches, vous allez meugler, les moutons, vous allez bêler, les poules vous allez caqueter et toi l’âne, tu vas braire aussi fort que vous le pouvez. »
Tous les animaux se tiennent prêts.
Le loup s’approche lentement. Il a les dents sur le saucisson. Et là, Jules donne le signal.
C’est une cacophonie qui commence. Le fermier, alerté par tout ce vacarme, passe la tête par la fenêtre pour en connaître la raison. Il voit alors le loup, le saucisson entre les dents. Il prend son grand bâton et lui en met un coup sur la tête. Le loup pousse un cri de douleur. Et pour éviter d’autres coups, il se presse de retourner dans la forêt avec pour seul dîner une belle bosse sur la tête.
Tous les animaux de la ferme félicitent Jules pour son sens de l’observation, son ingéniosité et son courage.
Nestor s’approche et il lui dit :
« Merci Jules, tu m’as sauvé la vie. Je ne me moquerai plus de toi ».
Jules est maintenant le plus heureux des cochons maigrichons. Et plus aucun animal de la ferme n’ose se moquer de lui.
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2013
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