Sorties cinéma du 18 décembre : un film reprenant une série célèbre bien revisitée et une adaptation libre d’un conte d’Oscar Wilde
Belle et Sébastien, film sorti le 18 décembre
© allocine.fr
Film sorti le 18 décembre
Sébastien est un petit garçon qui, dans un village de haute montagne, vit avec César, son faux grand-père, et une jeune femme, Angelina. Sa mère disparue lui manque. Il va devenir l’ami d’une adorable chienne sauvage qu’il surnomme Belle. Elle révélera de fabuleuses qualités de courage. Par ailleurs, le village est occupé par les Allemands qui traquent les juifs essayant de gagner la Suisse toute proche.
En 1965, « Belle et Sébastien » fut une série à grand succès diffusée par l’ORTF, écrite par la comédienne Cécile Aubry et jouée par son fils Mehdi. Nicolas Vanier a voulu en faire un film qui, évidemment plaise aux enfants, mais intéresse aussi les adultes. Alors que la série comportait des histoires de contrebandiers, il situe l’action au temps de l’Occupation pour ajouter nazis, passeurs et résistants. Ce qui ajoute du réalisme et des péripéties.
© lyricis.fr
Nicolas Vanier est l’un des plus talentueux des réalisateurs de film de montagne. Il l’a prouvé avec des œuvres majeures comme « L’Enfant des neiges », « L’Odyssée Blanche » et « Le Dernier trappeur ». Mettant son expérience au service d’une fiction romanesque, il obtient un résultat remarquable. La montagne, filmée sur trois saisons, enneigée ou verdoyante, offre des paysages à couper le souffle. La longue marche, conduite par Belle et Sébastien, de la famille juive devant franchir des cols de haute altitude, et pourchassée par les allemands, vaut son pesant de beauté et de suspense.
Pour jouer un Sébastien débrouillard, et parfois mélancolique, voila une fois de plus un gosse craquant, Félix Bossuet. Le rôle de César, vieux bonhomme bourru mais généreux, est bien tenu par Tchéky Karyo habitué à des rôles plus durs. Margaux Chatelier joue Angelina avec charme et énergie. Un coup de chapeau à Andrew Simpson dresseur de la magnifique Belle dont le jeu très expressif fera battre tous les cœurs tendres. On aura du mal à reconnaître Mehdi dans un petit rôle, car il a 48 ans de plus.
Le Géant égoïste, film sorti le 18 décembre
© allocine.fr
Arbor, 13 ans et son meilleur ami Swifty habitent dans un quartier populaire du nord de l’Angleterre. A cause du comportement violent du premier, ils sont renvoyés de l’école. Pour se faire un peu d’argent, ils vont voler des câbles en cuivre et les revendre à un ferrailleur.
© telerama.fr
La réalisatrice Clio Barnard avait déjà réalisé un documentaire sur le milieu des ferrailleurs sous le titre de « The Arbor », devenu le surnom de son héros. Ce conte fictionnel, librement adapté d’une nouvelle d’Oscar Wilde, lui permet de prolonger cette expérience. Elle pointe le mépris de ceux qui ont peu contre ceux qui ont encore moins, dénonce le harcèlement à l’école dans l’indifférence des institutions et observe les conditions de vie dans un milieu très modeste.
Si Arbor est ce petit garçon d’une détermination froide à en glacer les sangs, c’est sa relation avec Swifty qui porte ce drame évoquant le cinéma de Ken Loach. L’humanité de ce grand gaillard à la tendresse d’ours en peluche contraste avec l’agressivité de celui qui porte bien ce titre de géant égoïste, prêt à tout pour se sortir de son extrême pauvreté. Mais ce qualitatif peut être apposé aux adultes absents ou démissionnaires qui les entourent et ne prennent pas soin d’eux comme les enfants qu’ils sont encore. Tous seront contraints de faire face à leurs responsabilités lorsque la douleur d’Arbor s’installera insidieusement dans leurs esprits et les poussera enfin, mais trop tard, à réagir.
La tragédie annoncée l’est un peu lourdement, mais les conséquences émotionnelles sont filmées avec une telle force qu’elle nous bouleverse. Les deux jaunes acteurs, le blondinet malingre Conner Chapman et la masse au cœur tendre Shaun Thomas sont exceptionnels.
Du bon cinéma social, dur mais accessible, sur lequel plane le fantôme de Charles Dickens, avec des moments de réelle grâce et d’humour dans la grisaille de ce récit initiatique qui montre avec réalisme l’extrême difficulté, voire l’impossibilité, de gravir l’échelle sociale lorsque l’on vient de si bas.
Source :
Les Affiches du Moniteur
En connexion