Sélection de films sortis le 27 novembre : deux films forts, l’un français « Avant l’hiver » l’autre américain « The Immigrant »
Avant l’hiver
Film de Philippe Claudel, sorti le 27 novembre
Des bouquets de roses rouges peuvent-ils chambouler une vie ? Réponse dans ce singulier polar de l’âme signé Philippe Claudel. L’existence de Lucie et de Paul respire l’accomplissement et semble l’incarnation du bonheur. Et pourtant… il suffit d’une rencontre et de quelques fleurs envoyées anonymement pour craqueler le vernis et insinuer le doute dans leur univers élégant et bien rangé. Ce qui ronge ces grands bourgeois aisés à l’automne de leur vie –lui neurochirurgien, elle femme au foyer et leur meilleur ami, psychiatre-, ce sont les choses qu’ils n’ont pas faites, les vérités qu’ils n’ont pas dites, les rêves qu’ils n’ont pas eus. Pour son troisième film comme réalisateur, le scénariste et romancier nous entraîne dans une cruelle enquête sur le désir.
Pas le désir charnel au sens propre, mais le désir d’être et d’avoir. Travail des couleurs, précision des cadres et interprétation remarquable de Daniel Auteuil, Kristin Scott Thomas, Richard Berry et Leïla Bekhti font de ce drame trouble un fascinant regard sur un monde rattrapé par ses secrets. Un monde malade de sa représentation, de ses codes et de son apparence.
The Immigrant
Film de James Gray
Le metteur en scène brillantissime de The Yards et de La nuit nous appartient a réalisé là son film le plus personnel. James Gray parle de lui, descendant d’immigrés russes, en racontant l’histoire de deux Polonais exilées pour une nouvelle vie aux Etats-Unis. En 1921, les sœurs Cybulski quittent la Pologne et arrivent à Ellis Island, île à l’embouchure de l’Hudson et passage obligé pour obtenir l’autorisation d’entrer à New York. Magda, tuberculeuse, est placée en quarantaine.
Ewa débarque grâce à Bruno, un proxénète qui a repéré sa beauté. Etrangère en milieu hostile dans un New York hivernal, Ewa se retrouve piégée par Bruni dans une relation perverse. Loin du rêve américain, elle fera tout pour sauver sa sœur. La photo du film est magnifique et James Gray signe des plans d’une grande virtuosité. Joaquin Phoenix, acteur fétiche du metteur en scène, est brillant, mais Marion Cotillard lui vole la vedette. Vulnérable, abattue, battante, elle est exceptionnelle dans cette fable sur la chute et la rédemption.
Sources :
- Version Femina
- Figaro.fr