2 films cette semaine sur les écrans : la Palme de Cannes et un western

2 films à voir, sortis cette semaine : l’incontournable Palme d’Or du dernier Festival de Cannes « La vie d’Adèle » et un western déjanté des frères Miller présenté au Festival du Cinéma Américain à Deauville  « Sherif Jackson »

La vie d’Adèle chapitre 1&2

lavie d'Adele

Adèle, étudiante de 18 ans, sort normalement avec des garçons. Jusqu’au jour où elle rencontre la ravissante Emma, 31 ans, qui commence à percer dans le monde de l’art et n’aime que les femmes. Entre Adèle et Emma va naître une passion fusionnelle. Le réalisateur franco-tunisien Abdellatif Kechiche a obtenu la Palme d’or au dernier festival de Cannes pour ce film dont le sujet n’est pas l’homosexualité féminine. Il s’agit avant tout d’une histoire d’amour sans tabous avec des drames aussi intenses que les désirs.

Il faut oublier la longueur (près de trois heures qui passent vite) et le « scandale » (bien injustifié), pour se concentrer sur l’œuvre elle-même, filmée par une caméra subtile et sensible sachant capter – et restituer à l’écran- la beauté des corps et la complexité des sentiments. Entre cette femme peintre et l’autre qui est institutrice, la chair ne parle pas seule ; l’art, la philosophie, la littérature, la transmission, sont au centre de leur vocation, de leur formation, de leur liberté.

La qualité du film tient aussi pour beaucoup à l’interprétation des deux héroïnes : Léa Seydoux, devenue l’une des actrices françaises les plus en vue et une débutante, Adèle Exarchopoulos. Grâce à elles, cette histoire d’amour absolu au féminin est d’une totale crédibilité, d’un naturel sans équivoque. Les comédiennes s’exposent – et pas seulement avec leurs corps- et s’identifient complètement à leur personnages à la fois heureux et comblés.

Les corps, même dévoilés et impudiques, sont filmés comme s’il s’agissait de statues, de photographies d’art. Néanmoins un « public non averti » pourra se sentir gêné, voire choqué, pourtant, répétons-le bien, malgré des scènes érotiques réalistes, rien à voir avec un film pornographique bassement racoleur. La barre artistique est au contraire placée très haut. Le fin reste ouvert, en attendant peut-être d’autres chapitres. Si les comédiennes en ont encore l’envie et … le courage.

SHERIF JACKSON

Le shérif, la fermière et le gourou

sherif jackson

A Sweetwater, au Nouveau-Mexique, pendant la conquête de l’Ouest. Un drôle de shérif arrive en ville pour enquêter sur le sauvage assassinat du gendre d’un gouverneur dont l’épouse organise la vengeance. Au même moment Miguel  et Sarah, qui tentent de cultiver en discrétion leur lopin de terre, sont menaces par leur voisin Josiah, un gourou fanatique religieux et raciste.

Les amateurs de westerns traditionnels risquent d’être désarçonnés et tomber de leurs grands chevaux en découvrant le shérif Jackson, un homme de loi intègre mais totalement imprévisible et extravagant. Ed Harris campe avec un excès délicieux l’un des héros les plus bizarres vus dans un genre habitué à plus de classicisme. Habillé avec des couleurs aussi chatoyantes que Jamie Foxx dans « Django Unchained » de Quentin Tarantino, l’acteur hurle à la lune et danse comme un pantin désarticulé. Il se livre à une prestation étonnante, quelque part entre le Johny Depp de « Pirates des Caraïbes » et un Columbo qui se serait égaré trop loin de chez lui. Jason Isaacs, inquiétant Malfoy  Senior dans la série d’Harry Potter, n’en fait pas moins en pasteur à la foi douteuse. Leur duel, d’abord à distance puis plus frontal, est particulièrement décalé. Leur couple de fermiers est campé avec plus de retenue par Edouardo Noriega et January Jones même lorsque cette dernière se transforme en ange exterminateur.

Apres une première demi-heure qui laisse circonspect par son style iconoclaste et des performances outrées des acteurs, la folie furieuse de cette étrange opposition entre deux visages du bien et du mal à peine dissemblables nous contamine insidieusement. Les jeunes réalisateurs et frères jumeaux, Noah et Logan  Miller, se livrent à une réjouissance révision cynique du rêve américain sans oublier de rendre justice à la beauté des décors traversés. Un film libre jusqu’à un art du grotesque assumé dans une sacrée générosité.

 

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Les Affiches du Moniteur

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